Le gîte chez 14


Description

Sur un terrain clos et arboré de 600 m², maison individuelle et indépendante de 63 m² comprenant :
une pièce principale, cuisine ouverte, 2 chambres, salle de bain, WC, garage (avec buanderie où se trouvent le lave-linge et la pompe à chaleur), 2 terrasses, un abri de jardin (où sont entreposées les 2 tables pour ces terrasses) et les bains de soleil (car il fait toujours beau Chez 14 !).
En bonus, une piscine et un petit coin sous le catalpa pour lire, discuter ou boire un petit coup…

Equipements : Four, micro-ondes, télévision, plaque induction, bouilloire, réfrigérateur / congélateur et tous les équipements nécessaires…


Tarifs

Pour réserver, rendez-vous sur la page Gîtes de France.


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Pourquoi Chez 14 ?

Mais nous l’avons surtout nommé ainsi en l’honneur de l’un de nos ancêtres : « le pépé Louis », forte personnalité dans les années 20, que tout le monde nommait « Louis 14 », tant il était respecté dans le village.

Un de ses amis de l’époque, Pierre CHASSAGNAC médecin, fit paraître dans une rubrique intitulée « les contes de la Victoire » cette histoire (vraie…) qui eut beaucoup de succès. Pardon pour la marée-chaussée, mais à l’époque – fin de la guerre 14 / 18 – chacun cherchait vraiment à oublier ces terribles heures en se distrayant un peu…

Remarques préalables : Monsieur CHASSAGNAC préféra expliquer le surnom de Louis 14 en le faisant naître quatorzième enfant. Il n’en est rien.
Un « épervier » est un grand filet alourdi par des dizaines de plombs, utilisé par les pêcheurs.

Le pari de 14

– Quatorze, mon ami, vous vous ferez pincer. Vous êtes un malin, c’est entendu. Mais le Brigadier et ses deux gendarmes vous pistent sans cesse et ils vous cueilleront une de ces nuits, quand vous sortirez de la Vézère, avec votre épervier sur l’épaule.

Mon ami Quatorze me regardait en souriant, et, sous la broussaille noire de ses sourcils, ses petits yeux brillaient de malice

– Vous, vous n’êtes qu’un môssieu, disait-il.

Quatorze, qu’on appelait ainsi parce qu’il avait été le quatorzième de quatorze enfants n’avait été, si l’on peut dire, que choyé dans son berceau. Dès son enfance, berger de ferme, il avait dû déjà augmenter ses petits profits par les produits d’une imagination fertile. Ainsi, l’hiver il cherchait sur la neige, la trace de lapins, qui, la nuit suivante, s’étranglaient aux lacets qu’il avait posés entre deux buissons et l’été, quand baisse l’eau des rivières à en voir les galets du fond, il savait d’une main rapide, saisir à la volée, entre deux cailloux, une de ces belles truites qui fuient en lançant un éclat d’argent.

– Mon pauvre môssieu ! … répétait-il souvent et toute son amitié s’apitoyait sur moi, qu’une vie dure n’avait pas façonné et qui sans doute pouvait manger les lapins et les truites, mais sans goûter, hélas ! ce plaisir passionnant de les guetter et les prendre.

Mais n’allait-il pas lui-même à son tour, être pris ? Vraiment, Quatorze, confiant en ses roublardes combinaisons, s’était permis jusqu’à des imprudences.

– Je me f… du brigadier, des gendarmes et de la gendarmerie ! avait-il déclaré en public, ce dimanche-là à l’auberge de la Pomme de Pin. Et s’il y a parmi vous des malpropres, qui veulent me dénoncer, qui z’y aillent. A partir d’aujourd’hui tous les soirs, après ma soupe, je pêcherai devant chez moi, et les gendarmes qu’ils viennent me prendre… !

Mais Marcellin était là. Marcellin était ce cordonnier qui soutenait qu’à travers la mer ses souliers ne prendraient pas l’eau, de même que, sacristain de la paroisse, il affirmait que la tour de Castel-Novel qui se trouvait à trois bons kilomètres de là, tremblait, lorsqu’il sonnait ses cloches. Il se réservait aussi le titre de premier pêcheur du pays et sentant que ce fier défi l’humiliait :

– Toi, Quatorze, dit-il, tu peux être sûr, que j’en suis pas un à te dénoncer. D’ailleurs, t’en trouveras ; y manque pas les saletés qui le feront. Mais, par exemple, je te parie quatre litres de vin blanc, une miche de pain frais et une andouille que les gendarmes y te prendront !

– Pari tenu et devant tous comme témoins, cria Quatorze.

Comme de juste, le brigadier et les gendarmes furent avertis et dès le soir, on pouvait deviner sombres silhouettes cachées derrière une haie de promeneurs discrets, qui, longeaient en silence les rives de La Vézère.

Vers minuit, avant de me coucher, j’ouvris une fenêtre. Les gendarmes se cachaient derrière les arbres, mais une lune maligne allongeait sur la prairie leurs ombres démesurées.

– Chut ! Quatorze y est ! … soufflait Marcellin qui, couché le long du mur de ma maison, surveillait attentivement que les gendarmes lui fassent gagner son pari.

Chaque matin, dès l’aube, Marcellin, poussé par son intérêt et moi-même par ce jeu intriguant, nous frappions à la porte de Quatorze, qui nous ouvrait en riant.

– Y t’ont pris ?

– Bien sûr ! répondait Quatorze. Té, guette donc le brigadier et ses deux chiens, qui tâtent mon épervier, pour voir, si y n’est pas encore sec…

En effet, sur l’épervier, étendu sur la palissade au bout du jardin et que soulevaient les gendarmes, les premiers rayons du soleil naissant, de chaque goutte d’eau faisaient briller des perles blanches.

– Hé vous ! là-bas… criait le brigadier d’une voix enrouée par le frais de la nuit, vous venez de pêcher. Je le sais, votre épervier est encore mouillé.

– Monsieur le brigadier, c’est sans doute qu’y a de l’eau qu’est tombée dessus, répondait Quatorze très humblement.

Et c’était la dixième nuit que durait ce manège !

Marcellin n’en tapait plus sur ses semelles et ce pauvre Mr le Curé, chaque matin, en disant sa messe, s’affolait devant un sacristain qui confondait les Dominus Vobiscum et les Amen.

Enfin, exténués par ces nuits blanches et prêts à tout, ils prirent une décision énergique et ce soir-là, la nuit venue, ils se postèrent au pied de l’escalier de la maison du braconnier. A peine s’étaient-ils assis que Quatorze ouvrit sa porte et descendit, tranquille, son épervier sur l’épaule.

– Bonsoir, Messieurs de la gendarmerie, fit-il poliment.

Ils ne répondirent point, attendant le flagrant délit.

Quatorze s’avançait vers la Vézère, mais en arrivant près de son puits, qui se trouvait entre celle-ci et sa maison, il s’arrêta et soulevant son épervier qu’il retenait par une corde, il l’y laissa glisser jusqu’au fond. Puis se tournant vers les gendarmes.

– Mes bonnes gens, fit-il indifférent, vous m’écrirez un procès-verbal, sans compter que vous auriez raison, su je pêchais dans la rivière. Mais dans son puits, c’est bien permis, et si vous saviez la distraction que ça me donne ! Après, y faut bien qu’y sèche, j’étends mon épervier sur la fermeture de mon jardin…

Le brigadier et les gendarmes avaient compris, et, confus, avant qu’il n’eût fini de parler, vous les auriez vus qui filaient dans l’ombre, l’un derrière l’autre et la tête baissée…

– Oui, protesta Marcellin, t’as pas gagné ton pari, puisque t’as pas pêché aux poissons.

– Ça va ! lui répondis-je, Quatorze les a bien fait assez courir, ces gendarmes, et j’ai ma foi, trop rigolé pour ne pas payer ce pari.

Ce fut une bombance. Les boudins et les jambons s’ajoutèrent à l’andouille. Dès le début du repas, la Toinette, qui nous servait et qui connaissait ses clients, plaça dans un coin, pour mieux les compter ensuite les litres vides de vin blanc et après chaque verre qu’il avalait d’une lampée, Quatorze me disait en frappant de son poing sur la table :

– Bougre, Môssieu, ce p’tit vin blanc y m’arrangerait bien l’eau de mon puits !